J'étais essoufflé, en finissant de gravir la rude montée
montant au village provençal, reculé dans sa montagne. Mais j'étais
aussi surpris de ne voir âme qui vive sur la place du marché. Les
boutiques étaient closes, ainsi que les 2 bars, de chaque côté
de la place.
Je faisais quelques pas, décontenancé, lorsque je remarquais, au
flan de la montagne, après la sortie du village, au bord de la garrigue,
le cimetière où semblait s'être réunie l'ensemble de
la population.
Parvenu aux derniers rangs des habitants, j'interrogeai un homme, à
voix basse.
" C'est donc quelqu'un d'important, le maire peut-être, que vous
enterrez aujourd'hui ? "
" Eh non, peuchère. Plutôt deux vagabonds, des va-nu-pieds
qui s'étaient installés chez nous voici quelques années.
Mais on les aimait vraiment bien."
Peu après, il me raconta toute l'histoire.
Simon et Jeanne étaient arrivés au village en demandant l'autorisation
de s'installer dans le bout de ruine abandonnée, dans la proche forêt.
Malgré leur aspect peu habituels, leurs vêtements colorés,
leurs longs cheveux au vent, on décida de les laisser faire, presque
en riant sous cape et s'attendant à ce que ces nouveaux hippies repartent
très vite vers des lieux plus hospitaliers.
Mais à force de travail, ils avaient réussi à rendre ces
ruines à peu près habitables. Tous en s'intégrant doucement
à la vie du village. Toujours disponibles pour rendre un coup de main
aux uns ou aux autres ; prêts à la discussion, mais pas sans fin,
car le travail attendait ; demandeurs de conseils pour améliorer leurs
plantations ou l'élevage de quelques chèvres et enclins à
communiquer les connaissances qu'ils avaient pu acquérir.
C'est d'ailleurs plus souvent Simon que l'on voyait au village, mais Jeanne
recevait avec plaisir les femmes qui montaient lui demander un petit travail
de couture ou lui échanger quelques produits contre son fromage.
L'une d'entre raconta un jour qu'elle avait senti des odeurs merveilleuses s'échappant
d'une casserole mijotant sur la vieille cuisinière à bois. Peu
à peu cela se sut, et c'est l'instituteur le premier qui osa leur demander
de venir préparer chez lui un de ces plats étrangers dont visiblement
ils étaient coutumiers.
L'habitude se prit, et chaque semaine Jeanne et Simon faisaient découvrir
aux gens du village des plats d'autres contrées, avec des saveurs inconnues
en Provence
La vie suivait ainsi gentiment son cours, dans le village Provençal, dont les odeurs, qui parfois s'échappaient d'une maison, surprenaient les cigales.
Jusqu'à ce fameux jour. Un incendie dans le maquis. Un incendie qui prend de l'ampleur et s'engouffre dans la forêt. Malgré les efforts des pompiers.
" Nous n'avons rien pu faire, Monsieur. Même que trois de nos jeunes ont failli y rester, en essayant d'aller les sortir de leur maison. Dire que la semaine dernière ils étaient chez moi. Ils nous ont fait un poulet à la sauce d'amande, un vrai régal, Monsieur."
MURGH MASSALAM
POULET À LA SAUCE D'AMANDE
Pour 4 personnes. Préparation : 2 heures. Cuisson : 1 heure.
1 gros poulet entier, sans peau, nettoyé
Pour la marinade : 2 cuil. à café de pâte d'ail, 2 cuil. à café de pâte de gingembre, 2 cuil. à café de piment vert haché, 150 ml de yaourt nature, 1 cuil. à café de sel
Pour la farce : 90 g de riz basmati, 2 gros oeufs durs hachés, 90 g
d'oignon finement haché, 30 g d'amandes hachées, 60g de feuilles
de coriandre hachées, sel.
Pour la sauce: 75 ml d'huile de tournesol, 2 gros oignons émincés,
blanchis, égouttés et réduits en purée, 2 cuil.
à café de pâte de gingembre, 2 cuil. à café
de pâte d'ail, 4 gousses de cardamome, 8 clous de girofle, 16 grains de
poivre noir, 2 cuil. à café de graines de carvi, 2 feuilles de
laurier, sel, 1 cuil. à café de piment moulu, 1 cuil. à
café de curcuma moulu, 2 cuil. à café de coriandre moulue,
30 g d'amandes effilées, 30 g de raisins secs, 450 ml de yaourt.
Pour la garniture : 60 g de feuilles de coriandre hachées, 1 cuil. à café de filaments de safran, 30 ml de crème
Mélangez tous les ingrédients de la marinade et versez sur le
poulet. Réservez 1 heure.
Pour la farce : faites cuire le riz, égouttez et mélangez avec
tous les autres ingrédients.
Sortez le poulet de la marinade et réservez-la. Remplissez le poulet
de farce.
Pour la sauce : chauffez l'huile dans une poêle et faites dorer les oignons
avec les pâtes d'ail et de gingembre. Ajoutez les épices entières
et le laurier, remuez. Faites revenir jusqu'à ce que l'huile se sépare
de la sauce. Saupoudrez d'épices moulues et de sel. Mélangez.
Ajoutez le reste des ingrédients de la sauce et la marinade. Laissez
cuire jusqu'à ce que l'huile se sépare de nouveau.
Disposez le poulet dans un plat à fond épais et versez la sauce
dessus. Couvrez et laissez cuire, plus ou moins 40 minutes selon la taille du
poulet, en le mouillant de temps en temps.
Faites tremper le safran 10 minutes dans la crème.
Versez la crème safranée sur le poulet chaud. Servez immédiatement,
garni de coriandre hachée.