L'autre jour, je rencontrais la petite Béatrice, la jeune bergère
du village. Oh avec les années, elle avait bien grandi, la petite Béatrice,
et son père m'en avait touché deux mots : elle lui paraissait toute
pleine de langueur et de soupirs.
" Oh Monsieur Merlin, vous ne pouvez pas comprendre . "
Mais j'avais très bien compris. Lors d'une fête au château,
Béatrice avait aidé au service, parmi les candélabres brillants,
les boissons pétillantes et les parures scintillantes. Au beau milieu
des mélancoliques sérénades des violons, un charmant jeune
prince s'approchant d'elle lui avait dit, en lui frôlant la hanche : "
Vous êtes bien jolie. "
Ces simples quatre mots l'avaient toute alanguie, et elle n'avait plus qu'un
souhait : retrouver le gentil damoiseau.
Comment refuser ? Je m'organisais donc pour nous faire inviter au prochain
tournoi chevaleresque du châtelain. Pour cette occasion, Mélusine
se chargea de l'aspect vestimentaire, et notre petite bergère était
vraiment aussi charmante que toutes les princesses du royaume.
Assis dans les tribunes, non loin des royaux invités, nous regardions
défiler princes et chevaliers qui s'apprêtaient à se mesurer.
Lorsque le prince de ses pensés se présenta, il arborait ostensiblement
les couleurs d'une autre femme, la fille du roi de Savoie.
" Oh !!! et moi qui avait cru en sa parole
"
Prise d'émotion, elle se sentit défaillir. J'eus beaucoup de
peine, en la soutenant, à l'emmener vers les cuisines, où je comptais
lui faire boire un verre d'eau et lui rafraîchir les esprits.
Par chance, un jeune homme, cuisinier de son état, m'aida à la
prendre en charge. Sa gentillesse et son joli sourire, ainsi que les éclats
de gaieté dans ses yeux, remirent Béatrice sur pied. Et sa délicatesse
aussi.
" La chaleur et le bruit sont responsables. Restez ici pour vous reposez,
loin de la foule. "
" Je vous remercie, Monsieur. Mais cela sent exceptionnellement bon dans
votre cuisine. "
" Appelez-moi Pierre. C'est un gigot d'agneau que je prépare. Vous
voulez regarder ?"
Je décidais de les laisser entre eux, et de retourner voir le tournoi,
lorsque Béatrice ayant demandé un tablier pour aider, Pierre le
lui lia dans le dos, ses lèvres me sembla-t-il frôlant la nuque
de la jeune femme.
Ah les violons du printemps
..
Lorsque le tournoi fut achevé, je ne retrouvais plus Béatrice.
" Merlin, si nous rentrions ? J'imagine que Béatrice n'a pas besoin
de nous en ce moment, et saura se débrouiller, aussi, pour rentrer plus
tard. Et n'oublie pas qu'il faut encore que tu expliques à son père
que tu as échangé sa fille contre une recette de gigot d'agneau.
"
Gigot d'agneau aux herbes de Provence
(trouvée dans la COMPIL de Ctitout)
1 gigot d'agneau de 2 kilogrammes, une branche de thym, un bouquet de romarin, 2 petits piments, 10 feuilles de sauge officinale, 30 gousses d'ail, 5 feuilles de menthe, 50 grammes de beurre, 6 cuillères à soupe d'huile d'olive, 1 verre de vin blanc, sel et poivre.
Eplucher 8 gousses d'ail.
Effeuiller le thym et le romarin.
Hacher très finement l'ail, le thym, le romarin, la sauge, la menthe,
les piments.
Bien mélanger le tout.
Saler et poivrer.
Inciser profondément le gigot 6 ou 7 fois.
Bien frotter le gigot avec ce mélange et le faire pénétrer
dans les incisions.
Mettre également de petits cubes de beurre dans chaque incision.
Poser le gigot dans un plat huilé allant au four.
L'arroser de 6 cuillères à soupe d'huile d'olive et enfourner
à 210°C.
laisser cuire 1 heure 30 minutes, en l'arrosant assez souvent avec son jus.
Un peu avant la fin de la cuisson du gigot, éplucher les gousses d'ail
restantes et les faire bouillir à l'eau salée.
Les égoutter, les passer au moulin à légumes.
Quand le gigot est cuit, le laisser reposer.
Déglacer le jus au vin blanc, laisser réduire 5 minutes à
feu vif.
Ajouter la purée d'ail et servir en saucière.