Chronique 45 (30-06-2002)


Mélusine et Merlin s'étaient retirés à l'ombre fraîche de leur chambre, volets clos et rideaux frémissants. Se laissant plonger dans le sommeil, ils n'entendaient que les piaillements des moineaux se disputant les derniers reliefs du repas.
Sous les cerisiers, la grande table festive abandonnée ne conservait en souvenir du banquet que quelques bouteilles vides sur la nappe blanche, les derniers verres oubliés et des miettes pour les oiseaux.
Pas de bruit, pas de vent, sous le chaud soleil de l'après-midi. Dans le ciel d'un bleu trop clair, une buse, tournoyant lentement, comme à l'accoutumée, dans l'attente incertaine d'une proie furtive.

A peine le repas terminé, jeunes et moins jeunes s'étaient vite égayés, en bande ou par paires, certains même en solitaire, qui vers la rivière, qui vers les bois ou les prés. Quelques uns égarés peut-être dans un petit coin propice ?

C'est l'été. C'est la vie. C'est le bonheur que l'on vit à pleines brassées.

Un grand cri rauque nous réveilla.
Un aigle noir, posé sur la grande table, s'époumonait de colère.
Lorsqu' enfin il nous vit accourus, il se transforma et reprit les traits de la Fée Carabosse.
" Et bien alors ? Vous ne deviez pas annoncer les fiançailles de ma nièce avec votre neveu ? "
" Ecoute, Cara ma chérie " entreprit Mélusine, " entre les préparatifs du repas, le service, à peine tout cela terminé, ils se sont tous mis à déguerpir. Nous n'avons pas trouvé le moment de leur en parler. C'est ça la jeunesse d'aujourd'hui. Nous ne savons même pas s'ils sont d'accords ? "
" Pas besoin de leur avis, tout de même ! "

Il faut dire que la Fée Carabosse a des difficultés à accepter les façons de vivre d'aujourd'hui. Si nous lui disions qu'après tout, les deux jeunes gens pouvaient très bien vivre ensemble sans l'annoncer à personne, si cela leur disait, elle nous ferait une crise d'autorité.

Nous avons réussi à la calmer en lui parlant du repas, et surtout de la selle d'agneau au caramel de melon. Ses yeux pétillants, ses lèvres luisantes et palpitantes, me donnèrent une idée. Et si elle revenait quelques heures plus tôt ? Avec son apparence normale ? Elle déjeunerait avec nous, goûterait la selle d'agneau, et trouverait certainement l'occasion de parler de son projet aux deux jeunes gens ?
Cette idée lui plut, et elle la mit à exécution.

………

Mélusine et Merlin s'étaient retirés à l'ombre fraîche de leur chambre, volets clos et rideaux frémissants. Se laissant plonger dans le sommeil, ils n'entendaient que les piaillements des moineaux se disputant les derniers reliefs du repas.

Sous les cerisiers, la grande table festive abandonnée ne conservait en souvenir du banquet que quelques bouteilles vides sur la nappe blanche, les derniers verres oubliés et des miettes pour les oiseaux.
Pas de bruit, pas de vent, sous le chaud soleil de l'après-midi. Dans le ciel d'un bleu trop clair, une buse, tournoyant lentement, comme à l'accoutumée, dans l'attente incertaine d'une proie furtive.

A peine le repas terminé, jeunes et moins jeunes s'étaient vite égayés, en bande ou par paires, certains même en solitaire, qui vers la rivière, qui vers les bois ou les prés. Quelques uns égarés peut-être dans un petit coin propice ?
Carabosse, au bras du cousin Roger, avait accepté de visiter les ruines du moulin.

" Finalement, Carabosse n'a pas parlé aux jeunes ? "
" Et bien non. Elle était trop occupée avec le cousin Roger. "


Filets d'agneau au caramel de melon
Recette de Jean-Pierre Cazals, Guide Cuisine juillet 2002

Pour l'agneau:
1 selle anglaise d'agneau, 1 melon de petite taille, 2 citrons jaunes, 1/2 carotte, 1/2 oignon, 1 gousse d'ail, 1 branche de céleri, huile d'olive, 1 c. à soupe de sucre, sel, poivre noir du moulin.

Pour la compote et la garniture:
la panoufle de l'agneau, 3 abricots secs, 1 botte de carottes fanes, 40 g de beurre, 3 c. à soupe de raisins secs, 2 c. à soupe de miel, 1 c. à soupe d'amandes salées, sel, poivre noir du moulin.

Détachez de l'os les filets de la selle et ficelez-les comme des rôtis. Parez les filets en enlevant les panoufles. Hachez ces dernières et réservez-les au frais avec les filets. Gardez l'os. Epluchez puis hachez carotte, oignon, ail et céleri.

Faites rissoler l'os dans de l'huile avec aromates hachés, sel et poivre. Versez 40 cl d'eau. Couvrez, laissez mijoter 1 h. Filtrez, puis réduisez à découvert jusqu'à 5 cl. Grattez les carottes, laissez 2 cm de fanes. Cuisez-les à la vapeur 10 min, gardez chaud.

Faites rissoler le hachis de panoufle dans 20 g de beurre, ajoutez le miel, les raisins secs, les abricots coupés en dés et les amandes écrasées. Salez, poivrez, couvrez d'eau, cuisez 25 min jusqu'à la consistance d'une compote. Gardez au chaud.

Epépinez le melon, hachez sa pulpe. Colorez à feu vif le sucre avec 1 cuillerée à café d'eau. Ajoutez le hachis de melon. Une fois que le jus s'est évaporé, versez le jus des citrons. Mixez. Ajoutez le jus d'agneau réduit.

Chauffez le four th. 8 (240 ° C).
Colorez les filets salés et poivrés 2 min à l'huile, puis cuisez-les 15 min au four, couvrez. Dorez les carottes dans 20 g de beurre, salez, poivrez Otez la ficelle des filets, tranchez-les. Servez avec les carottes et la compote, nappez de caramel de melon.