Chronique 9 (27-10-2002)


Les yeux noisettes de Mélusine, je les avais vu déjà prendre de multiples éclats, des fulgurances éclatantes, des teintes sauvages, romantiques, printanières, je les avais vu ombrés de brumes ou de nuages, mais aussi noirs, jamais.
" Merlin, tu le sais, je n'aime absolument pas les plans tordus. Et cette canette, sans saveurs, totalement insipide, ne prétends pas qu'elle sort de ta cuisine. Tu n'aurais tout de même pas osé me proposer une boîte industrielle, ou du congelé tout préparé de grande surface ? "

Face à la tempête menaçante, et tout en racontant l'histoire de ce nouveau cassoton, je nous préparais une petite tranche de filet de bœuf saisi aux échalotes, avec quelques chanterelles poêlées .

Le matin même, me trouvant par hasard sur une brocante, j'avais acquis un joli cassoton en fonte, en excellent état et à un prix tellement intéressant que c'eut été idiot de ne pas s'en saisir. Une casserole en fonte de plus, c'est toujours utile.
Une fois rentré, j'entrepris de lui redonner un petit coup de nettoyage, et voilà-t-il pas qu'en le frottant, un nuage en apparaît : évidemment un génie se présente alors à moi.
" Bonjour, maître du cassoton ! Je suis à tes ordres pour remplir ce cassoton de n'importe quel plat à ta convenance. "

Mélusine était morte de rire.
" Mon pauvre Merlin. Mais c'est le cassoton de tantine Carabosse ! Malgré tous ses efforts, et ses multiples tours, elle n'a jamais rien pu en tirer. Pas étonnant qu'elle l'ai vendu à bas prix : ce génie est vraiment nul en cuisine. "

Dès le lendemain, d'un rapide coup de torchon, je convoquais ce mauvais génie.

" Evidemment, Maître du cassoton, ces plats sont insipides. Mais comment faire autrement ? N'importe quel plat en quelques secondes, il n'y a pas d'autre moyen que d'avoir une réserve de plats congelés… En tout cas, c'est ce qu'on nous apprend à l'école des génies."

Comme finalement ce génie n'avait pas mauvais fond, je lui ai montré comment réellement cuisiner une canette, en laissant le temps nécessaire au temps.
Et le soir-même nous dégustâmes une canette savoureuse, en compagnie de Mélusine.
Qui avait retrouvé ses yeux noisettes aux pépites d'étoiles.


Canette sauce mandarine.
(recette réalisée à partir de différentes contributions sur fr.rec.cuisine : JP Mutin, P Pagan, Léon, C Cowen)

1 belle canette, 2 poires, 4 mandarines, 3 gousses d'ail, 25 g de beurre, 1 c. à s. d'huile, 15 cl. de vin blanc sec, 15 cl. de Banyuls, 10-15 cl. de fond de volaille,


Eplucher 2 poires, enlever le cœur et les couper en petits morceaux.
Faire blanchir 3 gousses d'ails en chemise, les éplucher et les mêler aux poires. Saler, poivrer.
En remplir la canette bridée.
Faire dorer la canette au beurre plus huile dans une cocotte, puis fermer et laisser cuire 1 heure à feu doux.
Vérifier la cuisson. Débarrasser. Dégraisser et déglacer au vin blanc sec. Ajouter du Banyuls. Puis 4 mandarines en quartiers.
Laisser à feu doux 20-30 minutes.
Ajouter 10-15 cl. de fond de volaille et laisser lier.
Découper la volaille et remettre les morceaux dans la sauce pour les réchauffer.

Servir par exemple avec des navets.

Eplucher 12 navets violets et les couper en morceaux. Les blanchir 5 minutes à l'eau bouillante salée. Egoutter. Verser dans une sauteuse et faire cuire à couvert avec 10 cl. d'eau, après avoir salé et poivré.
Verser ensuite un peu de sucre et du beurre. Laisser 10 minutes à découvert en les retournant de temps en temps, afin qu'ils caramélisent un peu.