Chronique 13 (24-11-02)


Passer sur une route avec de grandes étendues d'eau sur la gauche, mais aussi sur la droite, cela est déjà inhabituel. Mais lorsque sortent de l'eau des arbres, des buissons, des pylônes électriques, cela devient un peu hallucinant.
Des maisons semblent paisibles, à quelques mètres des clapotis de la Saône sortie de son lit et venue lécher leurs pelouses.
Dans quelques prés hors d'eau, des vaches impassibles vaquent.
Et nous poursuivons notre chemin vers notre amie du Taillet.

Presque au terme de notre voyage lacustre, champs et bords de lacs se succédant, la route est recouverte d'eau, visiblement sur à peine 300 mètres.

Sortis de la voiture, dubitatifs, nous apercevons à quelque distance, sur l'eau recouvrant les prés, un tracteur avancer tranquillement, suivi par un troupeau de vaches.
Ahuris, écarquillant les yeux, nous regardons autour de nous et apercevons un agriculteur qui nous regardait, à la porte de son hangar.
Nous lui demandons s'il n'y a pas d'autre route pour aller au Taillet.
" Ah non, la route du Taillet elle est devant vous. "
" Mais elle est recouverte d'eau… "
" Ah ben oui. Ici, c'est des choses qui arrivent. "
" Et pour y aller ? "
" Une barque. Tout le monde en a une ici. Vous téléphonez et on vient vous chercher en barque.
" Mais la voiture ? "
" Au parking, derrière la mairie. Et pas de soucis : c'est surveillé par le garde-chasse. Il n'a rien à faire en ce moment. "

Nous faisons mine d'appeler, parce que j'ai une autre idée en tête, et pas envie d'abandonner la voiture, après plusieurs traversées de bagages.
" Elle doit être au jardin ! Nous allons attendre un moment avant de rappeler. "
Une fois le paysan visiblement reparti à ses occupations, nous remettons la voiture en marche, et repartons vers le village.
Mais dès les premières maisons atteintes, nous nous arrêtons et par quelques incantations malicieuses au-dessus de la carte routière, nous nous transportons de l'autre côté de l'eau et reprenons notre route.

Notre amie nous accueille :
" Pas de problèmes avec toute cette eau ? "
" Juste un petit passage délicat recouvert d'eau . "
" Ah bon ! C'est étonnant. Attendez que j'aille vérifier. "
Soudain un bruit de machinerie, quelques secousses dans la maison, et elle revient.
" C'est un peu ennuyeux tout de même. Le serrurier m'a promis de venir réparer, mais il traîne. Régulièrement, il y a du jeu dans le système de poulies, et nous dérivons de quelques mètres. Il suffit de remettre de la pression et de retendre la câblerie pour nous rapprocher du bord, et sur-élever un peu la route. Mais bon, normalement, cela devrait fonctionner en permanence.
En attendant, avec toute cette eau, vous devez avoir soif ? "

Après avoir échangé quelques nouvelles autour de quelques verres, nous osons lui poser la question qui nous tarabuste : le tracteur sur l'eau ?
" Ce devait être Raymond qui rentrait ses bêtes. "
" Mais ils étaient sur l'eau ? "
" Ce ne serait pas étonnant de la part de Raymond, étant donné son aversion pour l'eau. "
Elle riait de bon cœur, éclairée par sa facétie.
" En fait, il y a une route. Elle n'est recouverte que de 20 centimètres. Alors en tracteur, ça passe, mais il faut bien connaître la route pour ne pas s'en écarter. Elle est en surplomb des champs, et il doit bien y avoir 1 mètre 50 d'eau. "

En dégustant la pintade aux raisins, accompagnée de châtaignes et rutabagas, nous oubliâmes toute cette eau.
Mais il faut avouer que toute la nuit, j'eus l'impression d'un léger tangage.
Et ce bruit étrange qui m'a réveillé au petit matin, n'était-ce pas une corne de brumes ?
Mélusine ne souhaitait pas vraiment se réveiller pour me répondre :
" C'est normal, mon chéri. Avec le brouillard les bateaux signalent leur présence. "

Faisan ou Pintade aux raisins
Recette transmise sur FRC par Brigitte Geyer

Il sera parfait après avoir attendu 3 ou 4 jours dans un endroit frais

Pour 4 personnes
1 faisan ou une pintade
2 petits suisses
500 g de raisins (muscat ou raisins blancs)
1 peu de cognac
2 càs de crème fraîche, sel, poivre

Préparez votre faisan : plumer, vider, flamber.
Préparer la farce :
Ecraser le foie avec les petits suisses et une dizaines de grains de raisins (ceci afin que la chair soit plus moelleuse) ; saler et poivrer.
Introduire la farce dans la volaille, recoudre, brider et barder
Faire revenir le faisan et lorsqu'il est doré le flamber avec le cognac.
Saler, poivrer et laisser mijoter 3/4 d'heure à feu doux.
Ajouter alors les raisins et laisser cuire 1/4 d'heure.
Enlever le faisan; ajouter la crème, lier la sauce et servir sur plat chaud garni de raisins.

Vous pouvez accompagner de châtaignes et rutabagas aux petits lardons.

Si vous hésitez, avant de vous lancer, essayer cette recette avec une pintade dont le fumet sauvage rappelle celui du faisan.