Chronique 25 (16-02-03)


Un rafraîchissement soudain de l'atmosphère, des courants d'air glacés inattendus, l'arrivée incompréhensible d'un iceberg sur le lac voisin, cela avait suffi pour que mon crâne commence à se prendre pour une lourde courge, pleine de nuages cotonneux.
Et pour combattre cette pénible impression, j'avais ingurgité quelques potions fortes avant de m'endormir pesamment.
Des coups redoublés à ma porte, des glapissements et des hululements me tirèrent de mon lourd sommeil. Le corps humide de transpiration maladive, l'esprit encore enfiévré, il me fallu un bon moment pour accepter l'idée que ces bruits ne faisaient pas partie d'un mauvais rêve. Une fois la porte ouverte, le loup, le renard et la belette se précipitèrent pour m'expliquer tous ensemble qu'il y avait urgence, le lapin allait mourir, et moi seul pouvait faire quelque chose, que ce serait vraiment trop triste ….
Je n'avais pas encore repris mes esprits, qu'ils m'avaient habillé comme ils le pouvaient et poussé sur un traîneau. Les rennes prirent leur envol sans un bruit et nous filâmes au-dessus des sapins, sous la nuit étoilée.
Lorsque le traîneau s'arrêta dans une clairière, une biche me fit signe de la suivre et me conduisit à l'entrée d'un terrier. Elle m'aida gentiment à y pénétrer.
Après avoir suivi un étroit boyau, je pénétrai dans une salle plus vaste, éclairée de quelques bougies. Un lapin blanc aux oreilles roses était assis sur un tabouret, la tête dans les mains, visiblement en proie au plus profond désespoir.
Me voyant, il sursauta, et je pus voir en pendentif à son cou une montre dont les aiguilles tournaient rapidement à l'envers.
" Ah Merlin ! Les amis ont réussi à te trouver. Tu es mon sauveur, je te dois la vie ! "

Valentin le lapin, exagérait un peu. Pour la venue de Valentine, la lapine qu'il chérissait, il avait prévu un mignon dessert tellement délicieux que …, enfin …
Mais voilà que la pâte du 'kaju ke laddu' qui devait être malléable se trouvait aussi dure qu'un caillou. Sa réputation, et sa soirée, étaient en cause !

" En remettant un peu d'eau, et en faisant chauffer doucement au bain-marie dans un cul-de-poule ? "
Ce que nous fîmes longuement, mais après refroidissement, la pâte redevint dure.
La première cuisson avait été visiblement trop forte et le sucre avait trop caramélisé.
Une ration d'eau plus importante nous permit d'obtenir une pâte malléable mais trop liquide pour en faire les boulettes souhaitées.
" Et bien faisons une tarte ! " m'écriais-je subitement, un peu las, après ces heures de fièvres insomniaques.
Une pâte brisée vite fait bien faite ; cuisson à blanc ; verser la pâte sucrée et laisser refroidir.
Je pus enfin aller me reposer dans un coin reculé du terrier.

Lorsque je me réveillai, une douzaine d'heure plus tard, je retrouvai Valentin le lapin dans une autre pièce.
" Alors ? Tout s'est bien passé ? Elle a aimé la tarte au Kaju ? "
" Oui, elle a bien aimé la tarte. "
Mais comme il avait une mine de chiffon mâché, je me permis une autre question.
" Mais suffisamment délicieux pour ??? "
" Elle m'a annoncé qu'elle est enceinte. "
" Et bien, félicitations ! "
" Disons que je transmettrai tes félicitations au père… "

Kaju ke Laddu
Pour 4 personnes

Ingrédients
110 gr. noix de cajou concassées
1.25 dl. eau
225 gr. sucre
20 gr. lait condensé
2 gr. cardamome moulue
15 gr. raisins secs émincés
30 gr. amandes effilées

Instructions

Cuire l'eau et le sucre.
Ajouter le lait condensé, cardamome, et raisins secs.
Ajouter 3/4 des noix de cajou.
Mijoter jusqu'à obtention d'une pâte.
Refroidir.
Former des boules.
Les rouler dans les cajous restant.
Décorer avec les amandes effilées.