Chronique 2 (7-09-03)


Les nuages noirs gonflés de pluie approchaient rapidement. Les grondements sourds de l'orage roulaient au-dessus des collines. Les hirondelles affolées volaient en tous sens effectuant de dangereuses cabrioles. J'avais accéléré le pas, espérant parvenir à l'abri du village avant le déluge annoncé.

Lorsque les premières gouttes, froides et lourdes, s'abattirent sur moi, je me précipitais en courrant vers une bergerie. Lorsque j'y pénétrais en effrayant les bêtes, j'étais largement trempé. Je commençais à me dévêtir pour faire sécher un peu mes vêtements sur la paille lorsqu'un chien, court sur pattes mais vif et hargneux, vint s'en prendre à moi, et signaler à coup de vociférations qu'il avait découvert un dangereux intrus.

" Aux pieds, Dog ! Monsieur n'est pas un voleur. "

La bergère, ample pull-over sur jupette mutine, se montrait nonchalante avec ses yeux rieurs, mais elle tenait néanmoins à la main une cane d'un joli bois sec et noueux.

Le destin est souvent taquin ; il s'amuse à dérouler le début d'une histoire dont on devine aisément les péripéties, mais soudain il vous fait prendre une bifurcation et vous vous retrouvez sur une voie inattendue.

Ainsi, la gentille bergère me fit-elle entrer dans sa chaumière pour me réchauffer au coin du feu et faire sécher mes vêtements. Elle me proposa de partager son repas qui finissait de cuire sur le fourneau. En attendant, je faisais la lecture à ses deux charmants enfants.
Et c'est alors que l'histoire divergea.

La bergère s'était changée, maquillée, pomponnée.
" Finalement, vous tombez vraiment bien. J'avais à faire au village. Comme les enfants vous aiment bien, vous allez pouvoir me les garder. Il y a du mouton confit sur le fourneau et du vin dans le placard. Prenez mon lit, je ne rentre que demain. Passez une bonne soirée. "
Dans un radieux sourire elle me fit un signe de la main et referma la porte pour disparaître dans la nuit. La pluie bien sûr s'était arrêtée.

Mouton confit aux raisins secs et aux amandes
(de Touria Agourram, La cuisine Marocaine. Ed Albin Michel)

Ingrédients
2 kg de viande de mouton avec os (collier, épaule, gigot, selle)
500 g de raisins secs
150 g d'amandes mondées
3/4 de louche d'huile d'olive
60 g de beurre
1 louche de miel
2 oignons râpés
1 cuil. à soupe de ras el-hanout
1 cuil. à café de poivre
1 pincée de pistils de safran pilés
1 cuil. à café de gingembre
1 cuil. à café de cannelle
Sel fin

Rincer, égoutter et couper la viande en gros morceaux de 130 à 150 g.
Dans un bol, mélanger safran, gingembre, ras el-hanout, poivre, sel et 3 cuil. à soupe d'eau.
Laver les raisins secs, les égoutter et les mélanger dans un bol avec un peu du mélange d'épices.
Utiliser le reste du mélange d'épices pour enduire les morceaux de viande un par un, puis les placer dans une marmite à fond épais n'accrochant pas.
Ajouter les oignons râpés, mettre sur feu moyen et faire revenir avec 50 g de beurre, en remuant et retournant les morceaux de viande pendant 5 ou 6 min.
Couvrir d'eau et porter à ébullition. Puis ajouter l'huile d'olive et les amandes (garder une poignée d'amandes que l'on fera dorer dans de l'huile, pour la décoration). Couvrir et laisser mijoter à feu modéré 1 h 30 environ. Puis à feu très doux 40 tain. En cours de cuisson, vérifier la sauce-, si besoin, ajouter un peu d'eau.

Avant la fin de la cuisson de la viande, remuer doucement, ajouter la cannelle et le miel, baisser le feu et laisser mijoter un moment sans remuer,
Puis, ajouter les raisins secs macérés et laisser mijoter jusqu'à évaporation totale de l'eau. Vérifier la cuisson de la viande; dès qu'elle se détache très facilement de l'os et que la sauce est onctueuse, retirer du feu.
Faire dorer à la poêle dans 10 g de beurre les amandes réservées.
Déposer dans un plat de service ou un tajine slaoui la viande avec les os, et recouvrir des raisins secs et des amandes pris dans la sauce. Puis parsemer d'amandes dorées.