Le Retour Salades

Alors, dents de lion ou groin d'âne ?
La chose est d'importance. Au moment de faire la salade, le choix peut être cornélien.
Le groin d'âne est plus rustique. Il a même des poils qui vous chatouillent le corgnolon.
La dent de lion est plus en situation, surtout qu'on peut faire étalage de science latine et l'appeler taraxacum dens leonis ce qui vous a plus d'allure que baraban.
Car ce sont tous les deux des barabans, des pissenlits.
A Lyon, on s'y connait en salades.
On en balance à son voisin. La vie politique est aussi faite de salades qui poussent avec délectation sur le terreau des campagnes électorales.
Et puis il y a la salade, la seule, la vraie, la salade lyonnaise, celle qui fait appel à de la verdure, à de l'oeuf, à des lardons et aux croutons frits, et qu'on fatigue longuement avant de la servir. Ne pas confondre avec le saladier lyonnais !

Les clapotons, c'est un bien joli mot en forme d'onomatopée. Ils sont au centre d'un cuchon de gourmandises qu'on appelle les saladiers lyonnais.
Dans des saladiers qu'on choisit pas berchus parceque ça ferait désordre, on propose aux bons gones de la salade de museau, du gras-double en salade bien frictionné de moutarde et des pieds de moutons en rémoulade qui deviennent ainsi des clapotons.
Ca fond sur la langue...
Il ne faut pas oublier la salade de lentilles. Evidemment, les lentilles, ça ne fait pas bien riche. Même en salade. Alors le Lyonnais les a rebaptisées caviar du Puy, ou même caviar de la Croix-Rousse et s'en réjouit fort quand elles accompagnent quelques rondelles éloquentes d'un bon saucisson chaud.

Textes empruntés à
Pierre Grison, Des mets et des mots lyonnais à l'usage des étrangers qui sont pas d'ici. Ed. Xavier Lejeune, 1998

Après les salades, il arrive parfois que l'on serve une entrée chaude : après les oeufs à la tripe vous n'aurez probablement plus vraiment faim. Comme cela vous mangerez moins de viande, pense en lui-même votre hôte.